Angela, 15 ans.
Ah le lycée Édouard Herriot, mon lycée. Les pires années de ma vie.
Sur le podium des contrariétés, mon cœur balance entre :

  • l'acné,
  • la triplette football-athlétisme-lutte-testostérone choisie l'année du BAC (3 nanas, 20 mecs) en EPS car je n'aimais pas son pendant gym-danse-natation-œstrogène (3 mecs, 20 nanas),

(À y repenser, je me demande si l'école française n'est pas un poil sexiste ou bien si ce sont les lycéens qui sont tellement conventionnels qu'ils pensent naturellement que la gym et la danse sont obligatoirement et exclusivement réservées aux filles et la lutte et le foot aux garçons. Un peu des deux, j'imagine. Pourquoi le prof de foot-athlé-lutte était forcément un homme et celui de natation-gym-danse était nécessairement une femme ? Pourquoi les garçons qui choisissaient la gym-danse-natation étaient traités d'efféminés ? Y a encore du boulot à l'Éducation nationale et dans la société... #théoriedugenrebonjour)

  • les 8h hebdomadaires de philosophie rébarbatives qui m'ont fait regretter d'avoir préféré la section littéraire,
  • la cantine scolaire...

Throwback Thursday.
Le lycée Édouard Herriot de Sainte-Savine est à la fois un lycée général et professionnel.
Les BAC pro étaient, à l'époque, mal perçus.
C'était là où étaient généralement orientés celles et ceux qui n'étaient pas jugés suffisamment bons en cours... J'ose espérer que les choses ont un peu bougé depuis... mais là encore, je pense qu'il y a du pain sur la planche !
Tous les lycéens de la section générale et professionnelle avaient accès au restaurant de la section hôtelière, à la seule condition d'avoir un créneau de 3 heures libres au déjeuner – sans sécher des cours évidemment –, le service étant plus long que celui de la cantoche.
L'un des grands moments de joie de ma vie de lycéenne, ce fut le jour béni où un prof a déclaré forfait des suites d'une maladie saisonnière et où j'ai pu sécher la cantine scolaire et aller déjeuner au restaurant d'application.

L'Auguste et le Renoir.
Pendant l'année scolaire, la section hôtelière du lycée Édouard Herriot propose à tout un chacun de déjeuner ou de dîner, du lundi au vendredi, dans leurs restaurants pédagogiques : L'Auguste et le Renoir.
Les menus sont établis pour l'année et correspondent à des objectifs pédagogiques du programme scolaire (voici le menu 2015).
Les prix défient toute concurrence : amuse-bouche-entrée-plat-fromage-dessert à 14 € le midi et 20 € le soir (les produits proposés sont plus quali le soir d'où le prix).
La seule contrainte, ce sont les horaires : pour le déjeuner, l'arrivée se fait entre 12h et 12h15 et la fin du repas sonne à 14h30 (faut bien qu'ils aillent en cours après) ; pour le dîner, il faut arriver entre 19h et 19h15 et le service prend fin au plus tard à 22h (faut bien qu'ils dorment !).

Bon, évidemment, il ne faut pas perdre de vue qu'au service et en cuisine, ce sont des étudiants qui sont là pour apprendre.
L'indulgence est donc de mise !
Je trouve ça rigolo car j'ai l'impression de participer à une répétition de pièce de théâtre.

J'y dîne un vendredi soir fin janvier avec mon papa, ma maman et le rapporteur.
À l'entrée, on nous propose le vestiaire.
On bascule ensuite dans le restaurant à la déco rudimentaire.
Une dizaine de tables sont installées et dressées, prêtes à accueillir les convives.
Un feu géant qui crépite est projeté sur grand écran. C'est kitsch à mort mais ça participe à l'atmosphère.
Ouf, ils nous ont épargné la lumière des néons académiques privilégiant la lumière indirecte avec des halogènes et des chandeliers sur les tables.
Un jeune homme s'enquiert du nom de la réservation et se dirige vers le responsable de salle pour connaître notre table vers laquelle il nous conduit ensuite ma tribu et moi.
Il nous installe.
Un autre prend son relais (contrairement à ses comparses jeunots, il a de la bouteille et doit être en reconversion professionnelle. Tiens, là-dedans aussi, y a du pain sur la planche... à quand la formation professionnelle moins obscure et continue ?) nous apporte la carte et nous parle boissons.

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Au menu :

  • Amuse bouche : tuile au poivron et sésame (originale et doucereuse) et brouillade d’œuf (baveuse comme il faut)
  • Entrée : mousseline de sole et cœur saumon sabayon au champagne (bueno)
  • Plat : picatta de veau à la sauge, fricassée de champignons sauvages revenus dans du vin rouge et pomme purée à l 'ancienne (délicieux)
  • Fromages : Bleu d'Aix, Pont-L'Évêque et Saint-Nectaire (un peu déçue de ne pas voir des fromages du coin comme du Chaource ou Soumaintrain)
  • Dessert : choco neige au café (joliment présenté mais un peu trop tassé et donc bourratif... le café est anecdotique)

Restaurant_Auguste_Renoir_LyceeEdouardHerriot_larapporteuse__6_.JPGRestaurant_Auguste_Renoir_LyceeEdouardHerriot_larapporteuse__7_.JPGRestaurant_Auguste_Renoir_LyceeEdouardHerriot_larapporteuse__8_.JPGRestaurant_Auguste_Renoir_LyceeEdouardHerriot_larapporteuse__1_.JPG Tout s'enchaîne rapidement sans temps mort.
Notre table est à côté des cuisines. Entre deux battements de porte, on entend brailler et glousser. Héhé !
Je prends mon rôle d'intermittente du spectacle très à cœur et je joue le jeu à fond demandant au serveur s'il peut détailler les différentes espèces de champignons du plat. Gnark, gnark !

On paie l'addition à 20h30. Je ne suis jamais rentrée d'un dîner au resto aussi tôt ! Et je pense à ces étudiants encore en cuisine un vendredi soir.
Bravo les loulous : vous n'avez pas choisi la voie de la facilité mais un métier passionnant !

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Lycée Édouard Herriot
L'Auguste et le Renoir
Réservation par téléphone au 03 25 72 15 90 de 8h30 à 11h30
À partir du 1er décembre 2014 pour la période du 05 janvier au 20 février 2015
À partir du 2 février 2015 pour la période du 9 mars au 24 avril 2015
À partir du 7 avril 2015,pour la période du 11 mai au 29 mai 2015
La Maladière
BP 90248 Sainte Savine
10606 La-Chapelle-Saint-Luc Cedex
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